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La théorie motivationnelle de Dan Pink : une arme anti « bore-out » et « brown-out » ?

Deux sujet récents dans la presse ont attiré mon attention : le « brown-out » (démotivation par manque de sens) et le « bore-out » (ennui maladif au travail). Alors que le burn-out est depuis peu reconnu et sujet à études, les deux autres phénomènes ci-dessus le sont moins. Et si gérer un projet avec la bonne dose de motivation permettait de les prévenir?

La théorie motivationnelle de Dan Pink semble tomber à point nommé pour apporter des réponses simples et facilement applicables au quotidien.
En apparence iconoclaste, elle considère en effet l’argent, et plus généralement le schéma récompense/punition, comme des facteurs motivationnels inefficaces pour les employés responsables de tâches non répétitives et à valeur ajoutée.
Dan Pink prône trois facteurs à combiner pour motiver les individus:

Motivation =
   Autonomy  (autonomie)
+ Mastery  (maitrise, compétence)
+ Sense (sens)

Voici ce que cela peut donner dans le monde des projets, pour répondre à la question : comment rester motivé sur ses projets, et comment motiver son équipe de projet ?

Autonomie

Pour soi-même, l’autonomie peut se traduire par de la pro-activité par rapport aux « sponsors » et aux parties prenants (« stakeholders »). Il s’agit rien moins que de (re)prendre l’initiative sur son projet, et d’accentuer son engagement : quitte à être chef de projet, autant prendre les choses en main, non ?

Les choses paraissent assez évidentes vis-à-vis de l’équipe projet : privilégier l’autonomie et favoriser la prise d’initiative (« empowerment ») de ses collaborateurs et ne pas être que dans le contrôle.
Dans votre expérience, avez-vous plus souvent entendu un collaborateur se plaindre parce qu’il avait trop d’autonomie ou parce qu’il devait trop souvent faire du reporting sur l’avancement du projet?

Maitrise : des « défis sains »

Pour stimuler le développement et la maitrise de nouvelles compétences ou méthodes, les occasions sont innombrables en environnement projet, que ce soit pour le chef de projet, pour chacun de ses membres de son équipe ou l’équipe dans son ensemble.
Il s’agit à chaque fois d’être ambitieux dans la limite de l’atteignable, et de savoir sortir de sa zone de confort pour apprendre et appliquer. Ce qui peut passer pour une prise de risque peut ainsi devenir un facteur de motivation pour l’équipe, en osant la nouveauté – sciemment. J’assistais récemment à une réunion PMI Cologne où le directeur technique de Projektron relatait les hésitations à passer d’une méthodologie Agile à un développement type Scrum, sachant le bouleversement des habitudes de toute l’équipe de développement que cela engendrerait. Après réflexion, la décision a pourtant été prise, et tous les acteurs, chef de projet comme développeurs, ont apprécié de relever un « défi sain », engendrant une dynamique motivationnelle bénéfique et tirant l’équipe vers le haut.

Un point important vis-à-vis de la compétence est aussi la reconnaissance des performances accomplies par les collaborateurs : développer de nouvelles compétences et augmenter sa maitrise de sujets complexes, cela veut dire un engagement au travail important – autant de bonnes raisons pour du feedback positif !

Sens

Enfin, même si c’est une des bases du leadership que de permettre aux équipes de se situer dans la perspective stratégique de l’entreprise, donner du sens à son projet et le partager n’est pas simple.
La première question est pour soi : « A quoi sert mon projet ? Comment s’insère-t-il dans d’autres programmes ? Dans mon entreprise ? Dans l’environnement mondial ? ».
Un autre défi est ensuite de savoir communiquer sa vision de projet à son équipe, savoir susciter un « effet Waouh » à un membre de l’équipe qui se demanderait à quoi sert le projet – et très directement, à quoi sert sa contribution individuelle.
Le monde des projets offre un ensemble fabuleux de perspectives technologiques, de ruptures, d’innovations…dans lesquels l’équipe projet évolue probablement, en le perdant parfois de vue tant le quotidien d’un projet est analytique !
Un exercice très simple consiste à préparer un « pitch » de 30 secondes pour son projet, comme si l’on devait brièvement (et passionnément!) parler de son projet à un cadre-dirigeant croisé dans l’ascenseur (Internet regorge de conseils et tutoriaux sous le mot-clé « Elevator Pitch »). Ce type de pitch est à partager dans toutes les directions, top management comme équipes de terrain: savoir parler du projet en termes visionnaires et accrocheurs, c’est aussi un moyen de donner plus de sens au travail quotidien accompli par une équipe projet.

Conclusion : quelques clés de motivation sur un projet

Quelques principes simples peuvent guider le chef de projet pour motiver les acteurs du projet :
- (Re)prendre son projet en main, agir en leader de projet
- Réaliser et faire comprendre à son équipe que le projet n’est pas seulement un véhicule pour livrer un produit mais aussi un grand terrain de jeu pour de nouveaux apprentissages
- Responsabiliser son équipe et déléguer
- Etre capable de placer le projet dans un cadre plus vaste (division, entreprise, secteur concurrentiel, monde, …) et partager cette vision avec l’équipe projet